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A la sortie du tiroir
19 mai 2011

Et maintenant, l'écriture !

pageblancheVous savez que vous voulez écrire, vous savez que vous voulez écrire dans l'objectif d'une publication. Et vous vous sentez capables d'écrire valable et fonctionnel. Ok, super. Reste maintenant tout le gros du boulot, l'écriture. Comment se lancer, comment s'organiser et comment tenir la distance ? Les réponses que j'apporterai ici seront, somme toutes, toutes à fait personnelles. Certes, il n'existe pas autant de méthodes que d'auteurs, mais elles ont tout de même le mérite - ou bien l'inverse - d'être relativement multiples et variées pour qu'il me soit difficile d'explorer chacune d'entre-elles sans que cela ne devienne le nouveau sujet de ce blog. Ce dernier s'allongerait alors de manière considérable et chronophage, bouffant cruellement, sadiquement, mais surtout vainement, tout le temps consacré potentiellement à mes propres textes.

1) Sur les starting-blocks

A quelle heure faut-t-il se lancer ? Le jour ou la nuit ? Hier ou demain ? Je pense fondamentalement que le départ naît d'un déclic. Vous êtes là, dans le métro, puis ça vient tout seul, comme ça, au mauvais moment. Ca fait pipi précisément quand vous matiez la jolie nana qui commençait à s'en agacer. Remarque, le moment est peut-être bien choisit par la bibite mentale puisque vous allez pouvoir éviter la frustration de regarder votre reflet dans la vitre durant les huit prochaines stations. Ce que vous commenciez à prévoir de faire, pour un peu moins la gêner. Voilà pourquoi, j'aurais toujours ce conseil pour vous, celui-ci applicable à chacun. Ayez toujours sur vous de quoi écrire. iPhone ou stylo bic, peu importe. L'essentiel étant que vous ne soyez jamais amené à être prit au dépourvu. Et optionnellement, n'oubliez pas que votre côté "écrivain" la séduira peut-être.
Puis maintenant que vous avez enfin détterré de votre inconscient les deux phrases d'accroche qui tuent "Il faisait si beau ce matin que j'avais soudain envie de faire caca. Spasfon, coups de poings dans l'estomac et gardes-à-vues, tout y était passé, ma constipation avait duré pendant des mois", autant rentrer chez vous dès que possible. Oubliez la partie de pétanque avec Bruno ou la partie de de Scrabble avec tata Jeanine, courrez, prenez les petits, zappez le détour par la boulangerie, collez les devant leurs devoirs (que vous reviendrez évidemment corriger, on est pas des mécréants) et allumez votre PC.
A mon sens, votre bonne première session fera au moins deux mille mots. Deux mille mots, ça correspond à peu près aux sept premières d'un bouquin de sacs-à-main (par opposition aux bouquins de poches). Ca signifiera assez nettement que votre inspiration était profonde, au moins autant que face à la nana du métro.

2) Les sessions suivantes

Tout fier face vos deux mille premiers mots, vous peinez à rééditer l'exploit, le lendemain ; et c'est normal ! Le coup du roman à tripes écrit rageusement, en moins d'une semaine et au fil de la plume, c'est rarement autre chose qu'un faux coup d'éditeur. Léo Ferré, en son temps, se serait insurgé contre ce "marketing !". Mais comme nous le chante si bien notre ami Tom Scarlett, Léo Ferré est mort, et vous avez bien d'autres pieds de micro à fouetter.
L'écriture, ça ne rapporte rien. Rares sont ceux qui vivent de leur plume s'il ne l'usent pas également dans de grands quotidiens et autres boites de pubs. Et pourtant, écrire est un métier. Si l'on veut aller au bout, il faut se professionnaliser. Qu'on le dise une fois pour toutes, écrire ce n'est pas comme regarder la télé. Il ne faut pas se contenter d'ouvrir le fichier lorsque l'on en a envie. Il faut organiser de véritables sessions de boulot, avec un emploi de temps quasi-millimétré, un lieu de travail, et des objectifs quotidiens et hebdomadaires à atteindre.
Je pense qu'une moyenne raisonnable doit se situer aux alentours de huit cent mots par jour (trois à quatre pages, toujours dans nos sacs-à-main). C'est assez peu. Cela doit correspondre, en moyenne, à une heure de création - même si ça reste tout à fait variable selon les personnes et selon les moments -. Mais je pense qu'au-delà la fraicheur n'est plus là. Cependant, une fois la spontanéité envolée, il reste toujours pas mal de boulot, la fameuse réécriture que j'aborderai lors de notre prochain billet.
Où écrire ces huit cent mots quotidiens ? Ca, c'est une question importante. A mon sens, la réponse est "surtout pas chez soi". Entre le téléphone qui sonne, la cuisson des patates et le clip sympa qui passe à la télé, vous n'écrirez jamais. Le mieux reste encore les bibliothèques municipales. Au moins on y écrit, on s'est déplacé pour ça. Et y a même des prises pour brancher vos netbooks.

3) Le coup de la panne

Paradoxalement, on a plus écrit sur la page blanche qu'elle même n'a permit d'écrire. Il est des moments où rien ne vient, des moments où c'est le néant. Si le travail à la table a été conséquent et fourni, on connait bien sûr la direction, mais la bibliothèque mentale n'a plus d'âme. Que faire dans ces cas là ? Ecrire, toujours écrire, mais autre chose. Il s'agit alors d'ouvrir un nouveau documents de se lâcher sur une short story sans conséquences et sans règles. Ce n'est pas encore les vacances scolaires, mais c'est la récréation. Lorsque l'envie n'est vraiment plus là, alors il reste toujours le travail de réécriture. La réécriture ne demande pas d'âme. C'est du réglage de pistons, des virgules à remettre dans le bon sens, quelques boulons à changer, rien de plus. Alors on s'y met et on revient avec de meilleures intentions au prochain match.

 
Vous l'aurez comprit, à mon sens, écrire, c'est doser de manière schizophrène des espaces de création artistiques et littéraires dans un cadre rigide et disciplinaire. Une fois encore, la métaphore de l'alchimie et de la potion magique s'adapte très justement à mes propos.
Alors que la ségrégation des espaces s'opère assez bien dans la plupart des autres disciplines artistiques (c'est très vrai dans le cinéma, où la technique et le plateau peuvent travailler en totale indépendance), l'écriture, par son aspect solitaire, nécessite que son auteur soit suffisamment avisé pour faire preuve de sérieux et de régularité, mais aussi suffisamment en rébellion face à cet aspect de sa personnalité, pour s'octroyer des libertés indispensables à l'intérêt ludique et poétique de son texte. Au fond, le devoir de l'écrivain est peut-être d'avoir en lui cette fameuse capacité à aller suffisamment bien pour pouvoir ensuite se permettre d'aller beaucoup plus mal.

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Commentaires
A
Votre blog est absolument génial! J'essaye moi-même d'extirper de mon cerveau mes idées, et votre blog m'aide beaucoup!<br /> Merci!! J'attends avec impatience votre prochain article!
A la sortie du tiroir
  • Nombreux sont les jeunes et moins jeunes qui cherchent à sortir leurs manuscrits de leurs tiroirs, à dégainer une centaine d'enveloppes-kraft, pour enfin s'accaparer le prestige des rayonnages de leurs libraires. Nous avons tous la même histoire.
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